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MTN Colors réalise une interview avec GREMS, profitant de l’opportunité offerte par les deux récentes présentations de l’artiste : A Paris chez Adda Sarto avec l’exposition « Traits », et à Ibiza dans son intervention à Adda Gallery.
GREMS y raconte ses préoccupations et ses influences, ajoutant une nouvelle dimension aux œuvres présentées à Paris et Ibiza.

«Traits» est le nom de ton expo solo à Adda Gallery. La nature éclectique des pièces est quelque chose que nous nous attendions de toi. Quel est le thème central qui unie les œuvres ensemble ? 
 
Yep 🙂
Le post graffiti est le lien entre toutes les peintures. Ma démarche est de réutiliser les codes typiquement graffiti tels que: remplissage, contours, 3d, flops, traits, lights) et de les inverser pour un résultat plus contemporain. 
En effet, ce sont tout ces reflexes qui ont uniformisés le graffiti, ces formes rassurent les writers, rassurent leur flow, mais le résultat reste totalement identique sur chaque fresque. 
Dommage de réduire le graffiti à de la technique.  
C’est donc sur ce qui uniformise que je joue pour ouvrir des portes infinies. 
Est-ce du graff? Est-ce de la peinture? Si la personne se pose cette question j’ai réussi alors l’exercice.  
Cette exposition est purement de la peinture.
Le format des œuvres varie mais les couleurs primaires et l’énergie brute de ton graffiti sont toujours présente. Quels nouveaux éléments considères-tu avoir inclus dans cette exposition ?
 
Le sens, la démarche, avant je n’en avais pas. Venant de l’illustration et du graffiti, j’ai eu la chance d’avoir une grosse carrière d’illustrateur avec de multiples collabs mais j’en suis venu à bout. L’esthétique sans sens ne m’intéresse plus. Je pense que cette expo est un peu le compte-rendu du changement de voie que j’ai pris. Je ne souhaite plus être un produit mais bien un artiste.
Peux-tu nous parler de la période pendant laquelle l’œuvre a été réalisée ? Où étais-tu, avec qui passais-tu du temps, quelle était ton humeur ?
 
Je me suis enfermé dans mon atelier, j’adore mon atelier je pourrais y dormir tellement j’aime mon travail 🙂 J’ai peint  presque chaque jours, me lançant dans des exercices de déstructurations des règles du graffiti. C’était vraiment cool.
La première fois que nous avons vu le terme «Post Graffital», c’était sur ton site Web, qui décrit en grande partie ton travail et celui de nombreux autres artistes émergents dont l’œuvre est difficile à définir. Te souviens-tu d’avoir fait la transition de graffeur à post-graffeur ? Quel était ton but ? Quelles étaient tes influences ?
 
 
Je suis né à paris et j’ai fait mes études à Bordeaux! J’ai donc grandit avec le tag et les chromes parisiens ce qui m’a rendu fou !!
Les PCP, Lokiss, O’clock … 
Puis j’ai connu la scène bordelaise débridée: les SDK et PME, Sobre, Foe, Pum, Honet qui ont marqués l’histoire de Bordeaux pour leurs lettrages ultra-modernes pour l’époque.  
Bordeaux etait connue pour être décomplexée niveau styles. 
Il y avait Xplicit graffix et Wordsign en magazines qui révolutionnait les codes et règles établies. 
C’est dans lesdébuts des années 2000 je crois, que j’ai vu le terme «post graffiti» dans Worldsign en premier.  
Je viens du TT crew  que j’ai crée en 2000 avec Rekm, Polka, Scaner, bobax, Jackusine, Supakitch… C’était un groupe avec de tout: des taggers, des graffeurs, des affichistes sans distinction de style. 
Le but des fresques avec des lettrages sans règles, avec du graffisme, de l’illustration mais surtout pas graffiti. 
J’étais aussi dans mon autre groupe AQZ plus vandal avec TELE KOA ARGO… J’avais besoin de ma dose de chrome Classic et de flop.  
Je suis aussi fan de peinture abstraite depuis ma jeunesse et de graphisme. 
Mon groupe TT s’ouvrait à tout mediums possible pour l’injecter dans la peinture, c’etait du post-graffiti mais sans conscience encore, de la recherche et c’est peut-être cela le post graffiti :).
Tu es l’un des rares writers à avoir aussi réussi une carrière au micro. Hormis leur statut de deux des piliers du hip-hop, qu’est-ce que les deux disciplines ont en commun pour toi ?
 
Tout d’abord je n’ai pas fait exprès d’être connu, je n’ai aussi pas fait exprès de faire le tour du monde avec le rap, je n’ai jamais voulu que le rap soit mon métier. Juste ma passion. Intouchable! Comme quand je fais un flop! Il y a des choses sacrées ! 
 
Le rap ma sauvé la vie et le cerveau je ne veux pas le salir a le marketer ou autre. C’est extrêmement gratifiant cet amour que mon public me donne et je ne veux surtout pas le décevoir, en France, je suis un personnage un peu fou-fou pour le rap car je suis considéré comme le punk :).
 
Maintenant, j’ai compris que je suis un artiste plasticien, que j’utilise plusieurs médiums, dont le rap et que je commence peut-être à peine à comprendre ce que je peux en tirer artistiquement. 
Je suis né 1978 j’ai connu le Hiphop quand ses disciplines n’étaient pas segmentées, donc il etait normal pour nous d’avoir deux ou trois activités «hiphop» à l’époque :).
 
C’est juste que je n’ai jamais laché les deux :).
Quelle musique écoutes-tu pendant que vous créez en studio ? Comment cela se compare-t-il aux morceaux que vous écoutez lorsque vous peignez dans la rue ?
 
J’écoute de la House music de Chicago ou Detroit, du broken beat de UK et de la newsoul. 
Quand je peins dehors je n’ecoute rien. La musique que j’aime est deep je pense que mes peintures aussi 🙂
Après l’effort de produire une exposition comme ‘’Traits’’, sur quoi as-tu envie de travailler ensuite ?
 
Sur le même principe d’exploration du postgraffiti. Peut-être la 3d, les ombres pour mon prochain solo show, je vaiis prendre le temps de le faire au mieux, mais pas avant Décembre, et à Strasbourg il me semble :).
Tu as voyagé et partagé ton travail dans de nombreux pays à travers le monde mais cette activité a évidemment été limitée au cours de la dernière année. Une fois que nous pourrons recommencer à penser à traverser les frontières, où as-tu hâte d’aller ? Pourquoi ?
 
Le jour où toutes les frontières ont fermées leur porte, je devais partir avec ma femme à Ibiza, profiter :). 
Eh bien là, figures-toi que je te réponds de l’avion direction Ibiza avec ma femme, pour aller peindre chez ADDA :).
 
C’est génial, après je n’ai pas spécialement envie de voyager beaucoup car mes 950 concerts dans le monde m’ont bien fatigué et j’ai peur de l’avion hahaha.
 
 
Merci à vous infiniment pour ces belles questions, merci à Anna pour l’opportunité de l’exposition et merci à tous ceux qui me gratifient chaque jours de leurs compliments.
 
G.